Julia Karia
Les modes, une tendance inévitable et cyclique
Depuis toujours, les modes ont été un moyen pour les gens de se singulariser et de se différencier des autres. Selon Voltaire, les modes étaient un “impôt dû à la vanité”. Au début, les tendances étaient des symboles de l’élite, réservées aux happy few, mais depuis les années 60, les marques s’en sont approprié pour en faire un objet commercial et populaire, selon Vincent Grégoire, directeur du style à l’agence de conseil en stratégie NellyRodi. Ainsi, les orchidées blanches étaient très chics dans les années 70, mais sont devenues banales aujourd’hui. Les modes ont évolué rapidement, passant de la vitesse d’une saison à celle de l’éclair, ces dernières années.
Tout et son contraire
La mode joue un rôle important chez les adolescents, qui cherchent à être conformes à leur groupe de pairs. Selon la psychanalyste Sophie Braun, l’uniforme mode peut aider à oublier son corps et ses particularités physiques. Les tendances servent également à répondre au désir d’un collectif. Les modes vont du minimalisme green à l’extravagance de la mode des bimbos, du maquillage totalement excessif, des faux ongles, des gâteaux en trompe-l’œil… selon le tendanceur Vincent Grégoire. Ainsi, les tendances vont de la recherche de la sobriété à la recherche d’une fête et d’excès en passant par toutes les dualités existantes.
Notre inconscient collectif
Les tendances ont un pouvoir d’attraction immense, et nous font souvent réaliser que l’on suit la mode du moment sans en avoir conscience. Après la COVID-19, de nombreuses personnes ont décidé d’aller en Grèce cet été, pour réaliser ensuite que tout leur entourage avait eu la même idée. D’après la psychanalyste Sophie Braun, la mode peut aider à se détacher de son propre corps et de ses particularités physiques en s’uniformisant. Les tendances peuvent répondre au besoin d’un collectif. Depuis environ une quinzaine d’années, les tendances ont également très rapidement pris de l’ampleur avec les réseaux sociaux.
Les tocades du moment
Dans leur livre “Tendances, plaidoyer pour ne plus en suivre aucune” (Robert Laffont), Saphia Azzedine et Jennifer Murzeau épinglent avec ironie les tendances du moment. Parmi celles-ci, le FASHTIVISME, contraction de “fashion” et d’“activisme”, qui consiste à utiliser les grandes marques pour l’activisme. Le style POORGEOIS est une tendance grunge qui imite les caractéristiques de la précarité de l’immobilier avec des matériaux hors de prix. Le CULINOCHAMPÊTRE est la tendance rurale à laquelle beaucoup aspirent, avec des recettes montrant des cakes à base de fleurs et d’herbes, des légumes oubliés et même des vêtements de mode inspirés par la campagne.
Les modes ont toujours été présentes dans toutes les classes et dans toutes les époques, étant tantôt un moyen de se singulariser, tantôt un effet de groupe. Elles peuvent être mal comprises, mais une chose est sûre, elles représentent souvent une façon de se conformer à un groupe, bien qu’il y ait une tendance actuelle à n’en suivre aucune.
