200 médecins alertent sur les pratiques illégales de la médecine esthétique
Un phénomène inquiétant a poussé 200 médecins à publier une tribune dans le journal Le Parisien pour stopper la vente libre d’acide hyaluronique, un produit de comblement utilisé dans les injections esthétiques. Les médecins font face à une croissance alarmante d’injections illégales, souvent effectuées par des injecteurs non habilités. Ces pratiques sont dangereuses pour la population, en particulier pour les plus jeunes et les plus vulnérables.
Un barrage aux “faux injecteurs”
“Depuis trois ans, nous constatons la croissance alarmante d’injections illégales au travers de complications, parfois gravissimes, que nous prenons en charge dans nos cabinets de chirurgie plastique et aux urgences des services hospitaliers”, déplorent les médecins dans leur tribune. Ils constatent que des centaines d’injecteurs, non-médecins, pratiquent des actes illégaux sur la population. Le problème principal est la vente en accès libre d’acide hyaluronique. Les injecteurs non autorisés peuvent facilement se procurer ce produit en pharmacie ou chez des distributeurs en ligne, ce qui permet la pratique d’injections illégales sur eux-mêmes ou d’autres patients. Devant la gravité de cette pratique illégale, les médecins demandent que la vente d’acide hyaluronique et des autres produits de comblement injectables soit contrôlée, et que leur délivrance ne soit faite qu’aux médecins habilités à la pratique de ces actes.
Ce constat est inquiétant et a été dénoncé par l’émission Envoyé spécial sur France 2, qui a publié une enquête sur des esthéticiennes proposant des injections illégales à des prix réduits grâce à une caméra embarquée. Elles n’ont ni formation ni compétences, encore moins le droit de pratiquer ces injections.
Une pratique illégale qui engendre des complications délétères
Les injections illégales sont pourvoyeuses de complications souvent irréversibles : “Dans certains cas, elles ont pu conduire à des septicémies, des gangrènes et des hospitalisations en réanimation, engageant le pronostic vital de jeunes patients. Jamais de telles complications n’avaient été recensées en France en quarante ans de pratique”, déplore le syndicat dans la tribune. Depuis le début de l’année 2022, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) fait état “d’une quarantaine de déclarations d’effets indésirables suite à des injections (…) réalisées par des personnes non autorisées”. Ces effets indésirables, pouvant aller jusqu’à des infections graves ou des nécroses de la peau, sont majoritairement liés à des pratiques non conformes, telles qu’un non-respect des conditions d’hygiène ou une injection mal réalisée, précise l’ANSM.
Cette situation doit être prise au sérieux, car elle met en danger la santé des personnes pratiquant ces injections illégales, qui n’ont pas été formées pour cela, et celle des personnes qui les reçoivent. Les médecins tirent la sonnette d’alarme et espèrent ainsi que les autorités compétentes prendront des mesures pour réglementer la vente de produits de comblement injectable, pour le bien-être de la population.